Madame Konasse
Aujourd'hui c'est festival ! On pourrait dire que c'est la pleine lune ou l'évolution de la société que je n'ai pas vu arriver…
Toujours est il que j'ai encaissé.
Ligne 1, journée normale, bus OK, je suis en forme et il fait beau.
Ça a commencé par une cycliste qui arrive de ma gauche à un carrefour en T alors même que la voie de gauche est en sens unique...elle m'arrive donc dessus en étant en infraction. Mais c'est moi la « débile ! ». Alors que j'ai bien marqué mon Stop et que j'allais redémarrer. Elle a surtout de la chance que je fasse tout le temps mes contrôles des DEUX côtés.
Ensuite une mère et son adolescente de fille à qui je refuse une descente en dehors d'un arrêt pour leur sécurité, en effet nous sommes dans une rue en travaux, c'est de ma responsabilité d'assurer que tout se passe bien pour elles. Elles pestent mais restent calmes collées au poste de conduite. Juste après les avoir déposées à l'arrêt suivant, elles me gratifient toutes deux d'un magnifique « konasse ! » pour la mère illustré d'un doigt d'honneur pour la fille.
Ben voyons…
Et le pompon c'est lors de mon dernier tour : le bus est plein, les arrêts-ouvertures de portes-fermetures de portes s'enchaînent. Vient un arrêt en travaux où mon bus articulé de 17,98m de longueur peine à s'approcher. Cet arrêt est plus long que les autres car il faut abaisser le bus pour faciliter la descente et compenser l'abord dégueulasse.
Nous repartons ensuite dans les barrières métalliques de chantier et les alternats de feux tricolores.
Soudain, ça gueule depuis l'accordéon (une jeune fille en jogging gris) :
- Wow ! Ya un monsieur qui veut descendre !!!
- Pardon mais nous avons quitté l'arrêt…
- Tu ouvres la porte ! Il veut descendre !
- Non, nous avons quitté l'arrêt. Il a eu tout le temps nécessaire et nous approchons du prochain arrêt (le tout en haussant le ton puisque la timide bougresse est restée au loin).
Nous arrivons à l'arrêt d'après, je vois la jeune fille descendre ET remonter vers le poste de conduite par l'extérieur du bus :
- Oh ! Tu conduis pas le bus à ton père konasse !
Je la salue de la main avec mes cinq doigts papillonnants et un petit sourire. Mon autre main sur les boutons de fermeture générale des portes.
Si elle savait...ce sont les impôts de son père qui payent ce bus, son entretien, son carburant, mon salaire, ma tenue…
Et même s'il ne paye pas d'impôts, il y a toujours un moment où dans la grande mécanique de l'univers son père paye ce bus.
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